La classification des poissons.

Dans ce nouvel article, nous allons parler de la classification. C’est un sujet très complexe je vous l’accorde. Mais je pense qu’il est utile de connaître les origines de ce dont on parle. Comme ce blog est basé sur les poissons, il est important de connaître leur provenance ainsi que les différentes classes et les divers embranchements qui permettent de les trier en fonction de leurs caractéristiques.

Comme le décrit très bien Weinberg, vulgarisateur de la biologie marine, l’une des spécialités de la biologie est la taxonomie, qui consiste en l’étude de la diversité du vivant. En effet, les biologistes doivent trouver un point d’entente sur les différentes espèces qui existent. En premier lieu, chaque espèce reçoit un nom. C’est ce dernier qu’on appelle nom scientifique et qui est écrit en latin, et par conséquent valable dans le monde entier. Ce nom comporte deux parties, celle du genre, qui commence toujours par une majuscule, et celle de l’espèce précise, qui doit toujours être écrite avec une minuscule. Il existe sinon des noms vernaculaires (noms communs) pour les espèces, mais pas toutes car parfois certaines espèces n’ont que des noms latins, mais qui n’ont aucune valeur universelle puisque cela change en fonction de la langue de chaque pays. Il est également dit que le nom latin doit être suivi du nom de l’auteur (donc le premier a avoir décrit l’espèce), suivi de l’année de publication, selon les lois de la nomenclature. (Weinberg, 2016, p. 30)

« Lorsque les taxonomistes groupent plusieurs espèces dans un même genre, c’est parce qu’elles se ressemblent et que certains caractères communs traduisent un lien de parenté proche. De la même façon, on groupe des genres voisins en familles, qui sont classés à leur tour en ordres, classes et embranchements. On est parfois obligé d’ajouter des niveaux intermédiaires à ce système hiérarchique. » (Weinberg, 2016)

On peut prendre un exemple tout simple avec une classification complète d’une espèce de poisson clown : 

 
- Amphiprion ocellaris (genre, espèce)
- Amphiprioninae ( sous-famille) = caractérise précisément les poissons-clown
- Pomacentridae (famille ) = caractérisée par une ligne pointillée avec des épines-dents au niveau de l’opercule
- Perciforme (ordre ) =  présente des différences plus précises au niveau des nageoires
- Actinopterygii ( classe) = représente les poissons à nageoires rayonnées, c’est à dire des nageoires qui possèdent un squelette d’épines osseuses.
- Chordata (embranchement ) = phylum du règne animal, caractérisé notamment par la présence d’une notochorde ou colonne vertébrale  
- Animalia ( règne)  
 
On comprend rapidement que plus on avance dans la hiérarchie (c’est à dire que l’on descend dans la classification ci dessus), et plus il y a d’espèces.


Pour pouvoir réellement se concentrer sur la classification spécifique des poissons, il faut faire attention à ne pas confondre mammifères marins ( baleine, dauphin ou orque par exemple), et poissons car on peut constater de grandes différences notamment au niveau de l'anatomie et de leur fonctionnement. Par conséquent, ils n'ont pas la même classification.


 

Maintenant que nous avons toutes les clés en main pour appréhender le fonctionnement de la classification, il est temps de comprendre nos origines et ce classement fait entre les espèces.

Pour commencer, à l’inverse des oiseaux et des mammifères par exemple, les poissons ne forment pas un clade (ou groupe) unique, autrement dit il est paraphylétique, c’est à dire qu’il regroupe une espèce ancestrale et une partie seulement de ses descendants : tout clade comprenant les poissons comprend aussi les tétrapodes, qui ne sont pas des poissons. 
 
Classification paraphylétique des poissons

Comme décrit dans le précédent article, presque tous les poissons modernes appartiennent à l’un de ces deux groupes principaux : les poissons osseux ou les poissons cartilagineux qui font partie des poissons avec mâchoire. Les poissons osseux constituent la majorité des espèces puisqu’ils représentent 96 % des poissons avec mâchoire. Parmi les plus connus, on peut retrouver le gardon, le brochet ou la carpe mais aussi le poisson clown, le baliste ou le thon. Les poissons cartilagineux représentent les 4% restant avec (essayez de deviner en vous rappelant le dernier article ! ) : les requins, les raies et les chimères. Mais on distingue un dernier ensemble, celui des poissons sans mâchoire : les agnathes.

Ces derniers sont également appelés « Cyclostomes », dans lequel on regroupe des poissons primitifs très différents, et dont on distingue les myxines, qui ne sont pas encore des vertébrés, les lamproies qui elles sont pourvues d’une colonne vertébrale et de nombreux groupes fossiles, les Ostracodermes.


Ostracoderme

* Les Ostracodermes sont des Agnathes fossiles de l’ère primaire apparus il y a plus de 500 millions d’années et ayant disparu il y a 340 millions d’années. Relativement de petite taille, ils sont caractérisés par un bouclier osseux en forme de fer à cheval, englobant la tête et la ceinture pectorale.



Ces créatures étaient donc les premières créatures ressemblant à des poissons.


* Les myxines sont des organismes marins vivant dans les grands fonds et principalement dans la vase. Dépourvues de mâchoire, de colonne vertébrale et de vertèbres, elles se nourrissent des tissus de leur proies en les suçant après être rentrées par les ouïes des poissons malades ou morts.
 
* Les lamproies sont des vertébrés aquatiques au corps allongé. Ce sont ce qu’on appelle des parasites externes car elles possèdent une bouche en ventouse munie de nombreuses dents. Elles s’accrochent donc aux poissons de cette manière. Il existe des lamproies marine et des lamproies fluviatile.


Bien que les myxines et les lamproies existent encore aujourd'hui, dans l’évolution il y a des millions d’années, « l’innovation majeure des poissons est l’apparition de la mâchoire, quelques 90 millions d’années après l’apparition des premières créatures pendant le Silurien. Grace à leur mâchoire, ces pionniers des vertébrés purent saisir des aliments et les déchiqueter, et aussi augmenter suffisamment la taille de leur tête pour y engloutir leur proie.... L’avènement de la mâchoire est à l’origine de l’explosion de la vie aquatique au cours du Dévonien ( « l’ère des poissons » comme on l’appelle), qui vit l’apparition des placodermes. » (Balcombe, 2018)


Les poissons à mâchoire (Gnathostomes) firent donc leur apparition.


* La majorité des poissons du Dévonien étaient des Placodermes. Ils possédaient une cuirasse osseuse recouvrant la partie antérieure du corps, et également un squelette cartilagineux. C’était des poissons redoutables, certaines espèces de Dunkleosteus et de Titanichthys mesuraient plus de 10 mètres de long. Les Placodermes s’éteignirent avant la fin du Dévonien, il y a plus de 300 millions d’années.


Dunkleosteus


On retrouve également parmi les poissons à mâchoire, les Chondrichthyens et les Ostéichthyens, qui eux existent encore aujourd'hui (on commence à beaucoup les évoquer ceux-là).


* Les Chondrichthyens correspondent aux poissons à squelette mou, c’est à dire entièrement cartilagineux. Ce groupe se divise en Sélaciens (requins et raies) et Holocéphales (chimères). Parmi les Sélaciens, on distingue les requins ( Pleurotrèmes) qui ont les fentes branchiales sur le côté, et les raies et torpilles (Hypotrèmes) qui les ont sur la face ventrale. 
 
* Les Ostéichthyens regroupent la majorité des poissons et ils ont donc un squelette entièrement osseux ( les os se constituent par résorption des cartilages pendant la vie embryonnaire).


Il y a également une autre division qui se fait à l’intérieur de la super-classe des Ostéichthyens, on va y retrouver la classe des Sarcoptérygiens et des Actinoptérygiens.

* Les Sarcoptérygiens sont donc des poissons osseux. Leur caractéristique est la suivante : leurs nageoires paires sont soutenues à la base par un seul os (nageoire monobasale). Parmi eux, on retrouve les Actinistiens, composé d’une seule espèce, le Coelacanthe, qui vit dans des grottes sous-marines et dont sa forme actuelle est apparue il y a 70 millions d’années ; et les Dipneustes qui possèdent des poumons. 


Nageoire monobasale


C’est donc ce qui les différencie des :

* Actinoptérygiens qui eux ont les nageoires paires qui sont soutenus par plusieurs pièces osseuses (nageoire polybasale) d’où partent des rayons (nageoires rayonnantes).


Nageoire polybasale

Cette classe, les Actinoptérygiens, est de nouveau divisée en plusieurs groupes car extrêmement diversifiée. Les Chondrostéens mais surtout les Téléostéens, les plus nombreux. Pour ces derniers, leur caractéristique en plus, hormis du fait qu’ils font parties des Gnathostomes (mâchoire), puis des Ostéichtyens (squelette osseux), puis des Actinoptérygiens (nageoires rayonnées), c’est qu’ils possèdent un squelette entièrement ossifié et des écailles fines ; contrairement aux Chondrostéens qui sont représentés exclusivement par les poissons spatules et les esturgeons, et qui possèdent un squelette cartilagineux ossifié en partie ainsi qu'une peau nue; avec en plus quelques rangées d’écailles osseuses appelées scutelles, pour les esturgeons.



Classification des poissons en groupes emboîtés

Mais finalement, quoi retenir de tout cela ? Car le but étant de partager des connaissances et d'apprendre des choses, je ne peux pas vous laisser avec des éléments incompris ! 

Les poissons sont les animaux qui ont connus la plus grande évolution. Parmi eux on a : 

    - les poissons avec mâchoire
    - les poissons sans mâchoire
Dans la catégorie des poissons sans mâchoire, on a des fossiles (Ostracodermes) qui n'existent donc plus aujourd'hui, et les Lamproies et Myxines qui existent encore aujourd'hui et qui n'ont pas beaucoup évolués. 
 
Dans les poissons avec mâchoire, c'est ici que l'on retrouve la majorité des poissons. Nous avons également des fossiles (Placodermes), qui, eux aussi, n'existent plus aujourd'hui. Puis nous avons :
    - les poissons à squelette osseux 
    - les poissons à squelette cartilagineux 
 
Parmi les cartilagineux, on retrouve notamment les requins, raies et chimères. 
 
Les poissons osseux comprennent tout le reste des poissons. On y trouve les Sarcoptérygiens, qui ont les nageoires paires soutenues par un seul os, dans lesquels on retrouve les Dipneustes et les Actinistiens. Puis de l'autre côté nous avons les Actinoptérygiens qui eux ont les nageoires paires soutenus par plusieurs pièces osseuses. On y retrouve les Téléostéens et les Chondrostéens. 
 

Voici donc la classification ( de façon simplifiée, oui oui) des poissons, à leur apparition il y a des millions d’années, à aujourd'hui. Certains sont passés par de nombreuses évolutions, tandis que d’autres sont restés au stade primitif. La classification reste un sujet complexe, que l’on parle des poissons ou de tout autre type d’animaux, mais je trouve qu’il est important de connaître d’où viennent les animaux auxquels on s’intéresse. Il donc par la suite plus facile de s’y attacher, d’y porter de l’intérêt et donc de vouloir les protéger.


En espérant vous avoir éclairer sur vos zones d’ombre concernant les poissons et leurs origines, et au contraire ne pas vous avoir perdu !



On se retrouve prochainement dans un nouvel article qui parlera de l'anatomie des poissons.
Et surtout, n’oubliez pas :
Informer, sensibiliser et partager sont les mots qui résument ce blog !


A bientôt !   


 

CamBdt



Illustrations par moi-même. 



SOURCES :

Balcombe, J. (2018). À quoi pensent les poissons ? La Plage.
Weinberg, S. (2016). Découvrir la vie sous-marine : Atlantique, Manche et mer du Nord. Éditions Gap. 

Universalis‎, E. (s. d.). OSTRACODERMES. Encyclopædia Universalis. Consulté le 26 octobre 2022, à l’adresse https://www.universalis.fr/encyclopedie/ostracodermes/

🔎 Poisson - Définition et Explications. (s. d.). Techno-Science.net. Consulté le 26 octobre 2022, à l’adresse https://www.techno-science.net/glossaire-definition/Poisson.html

 









Commentaires

  1. Un très bon article qui peut servir à la fois aux étudiants en biologie au grand public !

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  2. Au premier abord le sujet peut avoir l’air complexe à appréhender, mais après relecture, on assimile facilement les informations. Cela permet également de constater la grande diversité d’espèces et de caractéristiques, assez méconnues, des poissons et c’est super! Le décor est posé et annonce de beaux futurs articles. Hâte de les lire en tout cas!

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  3. Encore une fois, un très bel article.
    J’ai appris bcq de choses sur la classification des poissons.
    Un talent caché sur les dessins également et la mise en forme.
    Donne envie de lire la suite.

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  4. Cet article est très riche Camille. Merci pour ce partage de vos connaissances si précieuses !

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  5. Complexe mais précis. L’essentiel est dit et le résumé parfait pour ingurgiter ce monde inconnu du grand public. Monde mystérieux que tu nous fais découvrir nageoire après nageoire.
    Bravo 👍 la sardine 🐠

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